Quand nous avons décidés, il y a dix ans, de fonder Mythopia, nous nous sommes donné pour défi de transformer la vigne stérile en un jardin viticole. Nous voulions voir s’il était nécessaire de semer la mort pour récolter des raisins et en faire du vin. Dès le première jour nous n’avons pas seulement renoncés aux produits de synthèse mais nous avons surtout commencé à planter des arbres, des arbustes, à semer des fleurs, à enherber les interlignes, à installer des ruches, à placer des tas de pierres et de bois pour les lézards, à planter des fruits et légumes entre les lignes de ceps. D’emblée, notre stratégie principale consistait à augmenter la biodiversité, réactiver le sol, augmenter la résistance aux pathogènes, rendre une complexité équilibrante au terroir afin de gagner en qualité du raisin et en arome.
Nous ne savions pas si en appliquant ces méthodes inhabituelles et contraires aux écoles viticoles, nous allions nous perdre dans des vains idéaux ou si nous allions réussir à faire un vin digne de tous ces efforts. En tout cas, il nous semblait valoir la peine de tenter l’expérience.
Avant de nous lancer dans cette aventure, nous avions bien lu Bouvard et Pécuchet et à bien des instants nous nous reconnaissions en eux. Peut-être nous avons été plus chanceux que ces deux ou alors nous avons simplement mieux appris de nos erreurs, en tout cas dès la deuxième année déjà une opulence végétative renaissait. Après si peu du temps, nous découvrions déjà une vingtaine d’espèces de papillon, d’innombrables sauterelles, des abeilles sauvages, une soixantaines espèces de fleurs mellifères tout en métrisant les maladies de la vigne. La nature semblait n’avoir attendu que notre impulsion de départ pour pouvoir retrouver par elle-même sa complexité vivante. Toutefois, la vigueur des vignes commençait à considérablement baisser donnant une faible quantité de récolte bien que la qualité du vin, nous consolait de notre faible récolte. Il nous a fallu encore quatre à cinq ans pour lentement maitriser notre vignoble en haute biodiversité. Grâce à nos engrais verts à base de légumineuses, nous commencions à maitriser la vigueur arrivant ainsi à une récolte de 40 hl/ha. Les vignes devenaient toujours plus résistantes et nécessitaient toujours moins de traitements. Nos produits principaux de traitement devenaient tisane d’ortie, prêle, sauge, extraits de compost, petit lait, ferments de feuilles de vigne...
Aujourd’hui, nous trouvons à Mythopia 68 espèces de papillon, plus de 180 espèces de plantes et fleurs, 30 arbres par hectare, 200 m de haies, des hotspots biologiques, des tomates, framboises, myrtilles, roses, pommes de terre, herbes aromatiques, courges, oignions, aronias, argousiers. Des poules et des moutons se promènent entre les vignes. Mythopia est devenu un jardin viticole.
A la cave nos multiples tentatives nous ont permis de réduire et finalement de renoncer au sulfitage. La grandissante complexité phénolique rend nos Pinots Noir plus résistant à l’oxygène. Ainsi nos vins se font que des raisins, d’un peu d’air des montagnes et une grande dose de biodiversité microbienne naturellement contenue dans la pruine du raisin.
Nous cultivons essentiellement du Pinot Noir ainsi que du Fendant, de Sylvaner, de la Rèze et autres cépages traditionnel. A plus des 800 m d’altitude et sur des sols calcaire-schisteux très jeune et minérales (il y a 10 000 ans, 1 km de glace couvrait encore Mythopia), le Pinot trouve, une fois le sol est à nouveau biologiquement activé, un de ses terroir de prédilection.
Toute théorie, tout idéal à sa justification mais c’est seulement par le travail quotidien au vignoble et auprès du vin que l’on peut mieux comprendre cette plante subtile qu’est la vigne et les raisins qui font notre vin vivant.
Le Domaine de Mythopia recherche une harmonisation des écosystèmes dans l'agriculture et développe un haut degré de biodiversité afin que les vignes puisent toute leur énergie des profondeurs du terroir et donne caractère et plénitude aromatique aux raisins. Ceci signifie que nous veillons à ce que les ceps ne soient pas de simples alignements dressés sur un sol sans vie et obéissant impassiblement aux ordres de machines. A Mythopia, mantes et grillons jouent de concert tandis que des dizaines de sortes de papillons virevoltent en toute liberté et que des sauterelles bondissent sur un véritable tapis d’herbes et de fleurs, le tout baignant dans des parfums d’origan, de thym, d’absinthe et de menthe.